Après avoir hésité longuement, le principe de ces B.R.M allant à l’encontre de ma « philosophie » de cyclotouriste, je me suis décidé à tenter l’expérience de m’inscrire à un de ces Brevets.
Mais d’abord, c’est quoi un B.R.M ?
Jetons un rapide coup d’œil sur le site de l’Audax Club Parisien, créateur et grand ordonnateur de ces fameux B.R.M :
« L’ Audax Club Parisien a créé en 1921 des randonnées cyclistes à allure libre de 200, 300, 400, 600, 1000 km et en 1931 Paris-Brest-Paris Randonneurs. Ces épreuves se nommaient Brevets Randonneurs Français. Depuis 1975, certains sont devenus obligatoires pour les candidats à P.B.P afin qu’ils soient bien préparés à cette grande épreuve.
En s’internationalisant, ils devinrent Brevets Randonneurs Européens en 1976 puis Brevets Randonneurs Mondiaux en 1983.
Les sociétés qui collaborent à l’organisation de ces brevets doivent appliquer et faire respecter le règlement des Brevets de Randonneurs Mondiaux.
Et toujours sur ce même site, voici donc ce fameux règlement des B.RM :
RÈGLEMENT des BREVETS RANDONNEURS MONDIAUX
de 200 km à 1000 km
Article 1 : L’Audax Club Parisien a seul le pouvoir de l’homologation dans le monde entier. Chaque brevet réalisé depuis 1921 est enregistré sous un numéro d’homologation attribué par ordre chronologique de réception.
Article 2 : Ces brevets sont ouverts à tout randonneur membre ou non d’un club, d’une société ou d’une fédération quelconque et couvert par une assurance. Néanmoins, des restrictions peuvent être localement imposées par l’organisateur pour des raisons de bonne gestion des brevets (limitation des inscriptions, invitations,…). Les mineurs sont acceptés sous réserve qu’ils présentent une autorisation parentale dégageant la responsabilité de l’Audax Club Parisien et des sociétés organisatrices, ainsi qu’un certificat médical d’aptitude de moins de 6 mois.
Toutes les machines sont admises, pourvu qu’elles soient mues par la seule force musculaire.
Article 3 : Pour effectuer un brevet, chaque randonneur doit remplir un bulletin d’inscription et verser un droit de participation fixé par l’organisateur.
Article 4 : Chaque participant doit être assuré en responsabilité civile, soit par l’intermédiaire de sa fédération, soit par l’organisateur local, soit par une assurance personnelle (attention, la plupart des assurances multirisques ne couvrent pas leurs adhérents lorsqu’ils participent à des épreuves organisées et payantes). Il doit pouvoir en faire la preuve à l’inscription du brevet par une carte de membre mentionnant clairement la couverture R.C ou une attestation en faisant foi. Si l’organisateur ne propose pas la souscription d’une assurance R.C. au départ de son brevet, il refusera l’inscription des non-assurés.
Article 5 : Chaque participant est considéré comme étant en excursion personnelle, il doit respecter le code de la route et toute signalisation officielle.
L’Audax Club Parisien, les sociétés organisatrices, le représentant ACP et son association de référence ne peuvent en aucun cas être tenus pour responsables des accidents qui pourraient survenir lors d’un brevet.
Article 6 : Pour la circulation de nuit, les machines doivent être munies d’éclairage avant et arrière fixé solidement et en constant état de marche (prévoir des ampoules de rechange; un double moyen d’éclairage est préconisé). L’éclairage arrière totalement clignotant est interdit. Les organisateurs refuseront le départ à tout participant dont l’éclairage ne serait pas conforme. Chaque participant est tenu de brancher sa lumière dès la tombée de la nuit, ainsi qu’à tout moment où la visibilité n’est pas suffisante (pluie, brouillard, …); même en groupe, chacun doit être éclairé. De nuit, les vêtements clairs et les brassards réflectorisés sont recommandés et le port d’un baudrier ou d’une chasuble réfléchissant est obligatoire.
Toute infraction à ces mesures, constatée lors d’un contrôle, entraînera la non-homologation du brevet.
Article 7 : Chaque randonneur doit pourvoir lui-même à tout ce que demande l’accomplissement de son brevet. Aucun service organisé d’entraîneurs, soigneurs, avec voiture suiveuse, n’est autorisé sur le parcours en dehors des points de contrôle. Les participants contrevenant à cet article seront éliminés sans appel.
Si au départ d’un brevet, un groupe est formé volontairement par l’organisation, l’allure étant libre, les randonneurs ont le droit absolu de quitter ce groupe à tout moment. Aucun randonneur pourra se prévaloir de gérer un groupe. Les signes distinctifs (brassards, maillots, etc…) et les titres (par exemple: capitaine de route) ne sont pas autorisés. La taille des groupes devra être conforme à la législation en vigueur dans le cadre d’une randonnée sans encadrement.
Chaque participant doit avoir une tenue et une attitude correctes.
Article 8 : Chaque participant reçoit au départ une carte de route et un itinéraire sur lesquels figurent un certain nombre de lieux de contrôle où le participant devra obligatoirement faire pointer cette carte de route. Les organisateurs peuvent également prévoir un ou plusieurs contrôles secrets; pour cette raison et pour une question d’assurance, le participant est tenu de respecter l’itinéraire qui lui sera remis au départ.
Les organisateurs doivent obligatoirement utiliser les cartes de route créées à leur attention par l’AUDAX CLUB PARISIEN ou les cartes de route proposées par le représentant ACP de leur zone géographique et agréées par l’AUDAX CLUB PARISIEN.
Article 9 : A défaut de contrôle précis désigné par les organisateurs, le randonneur devra faire apposer un cachet humide comportant le nom de la localité de ce contrôle (commerçant, station-service, …). En cas d’impossibilité d’obtenir ce cachet (contrôle de nuit), le randonneur pourra:
1) envoyer une carte postale au responsable de l’organisation (indiquer lieu, jour et heure de passage, nom, prénom, club) et inscrire dans la case contrôle de la carte de route « CP », le jour et l’heure du postage.
2) répondre sur la carte de route à une question sur un point caractéristique du lieu de contrôle. L’option retenue est à la discrétion de l’organisateur, contrôle par contrôle.
3) fournir un relevé de retrait de carte bancaire, mentionnant les noms et prénoms du ou des participants.
4) fournir une photo du ou des participants avec un décor (panneau routier par exemple) justifiant le lieu.
L’option ou les options retenues sont à la discrétion de l’organisateur, contrôle par contrôle.
Dans tous les cas, l’heure de passage doit être mentionnée, ainsi que le jour pour les brevets de plus de 24 heures.
Un cachet manquant, une heure de passage non mentionnée ou la perte de la carte de route (à quelque distance que ce soit) entraînent la non-homologation du brevet. Chaque participant est tenu de faire contrôler personnellement sa carte de route.
Article 10 : Les délais impartis pour effectuer chaque brevet sont fonction de la distance : 13h30 (200km), 20h (300km), 27h (400km), 40h (600km) et 75h (1000km).
Le passage dans chaque contrôle devra s’effectuer entre une heure « d’ouverture » et une heure « de fermeture » mentionnées sur la carte de route et calculées ainsi :
Ouverture: 34 km/h (km 1 à 200); 32 km/h (km 201 à 400); 30 km/h (km 401 à 600); 28 km/h (km 601 à 1000); arrondi commercial à la minute.
Fermeture: 1 heure + 20 km/h (km 1 à 60); 15 km/h (km 61 à 600); 11,428 km/h (km 601 à 1000); arrondi commercial à la minute.
Si un randonneur arrive à un point de contrôle en retard, l’organisateur pourra lui permettre de repartir si ce retard est dû à un événement imprévu et indépendant de la volonté du randonneur comme un arrêt pour aider lors d’un accident ou une fermeture de route), Un problème mécanique, la fatigue, le manque de forme physique, la faim, etc. ne pourront donc être des raisons valables de retard.
En dehors des cas précédents, le randonneur doit respecter ces plages horaires intermédiaires, sous peine de non-homologation de son brevet, même si celui-ci est effectué dans le temps limite.
Article 11 : Toute fraude entraînera l’exclusion du participant de toutes les organisations de l’Audax Club Parisien.
Article 12 : A l’arrivée, chaque participant devra signer sa carte de route et la remettre aux organisateurs. Elle lui sera retournée après homologation. Il ne sera pas délivré de duplicata en cas de perte de ce document.
Ces brevets n’étant pas des compétitions, ils ne comportent pas de classement.
Une médaille spéciale pourra être acquise par le participant dont le brevet aura été homologué. Il devra en faire la demande et en régler le montant en remettant sa carte à l’arrivée.
Article 13 : Les médailles constatant la réussite du brevet sont de teinte bronzée (200km), argentée (300km), vermeil (400km), dorée (600km) et argent (1000km). Le modèle change, en principe, l’année après PBP. Le prix des médailles est indiqué par les organisateurs des brevets.
Super Randonneur : Distinction reconnue à tout randonneur ayant accompli, dans la même année, la série des brevets 200, 300, 400 et 600 km. Une médaille (millésimée l’année de PBP) mentionnant cette distinction sera délivrée au randonneur qui en fera la demande à son club organisateur des brevets en lui fournissant les numéros de ses brevets et en lui réglant le montant de cette médaille.
Article 14 : Un participant ne peut effectuer une autre épreuve kilométrique sur tout ou partie du parcours d’un Brevet de Randonneurs Mondiaux.
Article 15 : Toutes les animations encadrant les BRM dans une zone géographique, tels que jeux, classements, souvenirs, challenges, etc, tant pour les randonneurs pris individuellement que pour les clubs, sont exclusivement de la compétence du représentant ACP et de son association de référence.
Article 16 : Les brevets BRM des organisateurs, (associations ou autres) ne peuvent figurer que sur le calendrier ACP de leur zone géographique d’origine, quels que soient les lieux de départ effectifs et les associations où leurs membres sont affiliés. Les organisateurs doivent obligatoirement utiliser les cartes de route de leur zone géographique d’origine. Un organisateur (en particulier un club frontalier) pourra apparaître une deuxième fois sur le calendrier ACP comme «organisateur apparenté» dans une autre zone géographique que celle d’origine, avec l’accord du représentant ACP de cette zone géographique, tout en ayant pour obligation formelle d’appliquer le premier alinéa du présent article.
Article 17 : En participant à un brevet BRM, les randonneurs acceptent la publication de leur identité et du temps accompli dans les résultats publiés par les intervenants. En aucun cas, leur identité ne pourra être utilisée à des fins commerciales ou être transmises à un tiers à cet effet.
Article 18 : Le fait de s’inscrire et de prendre le départ d’un brevet implique de la part de l’intéressé l’acceptation sans réserve du présent règlement. Toute plainte ou réclamation, pour quelque motif que ce soit, devra être exprimée par écrit et adressée dans les 48 heures suivant l’épreuve aux organisateurs qui l’examineront et la transmettront avec leur avis au responsable ACP (France) ou au représentant ACP (hors France) pour examen avant décision.
Article 19 : En cas d’appel de l’intéressé, le dossier sera envoyé au Comité Directeur de l’ACP avec les avis motivés des organisateurs et du représentant ACP. Le Comité Directeur de l’ACP règlera, sans appel d’aucune sorte, les cas soumis ainsi que les litiges que ce règlement aurait omis d’évoquer.
Voilà voilà, le règlement mis à jour en janvier 2018, que l’on peut consulter sur le site de l’Audax Club Parisien : http://www.audax-club-parisien.com
Bien bien..
Ces modalités techniques et administratives posées, comment s’est donc passé ce premier BRM ?
Et bien au final, très bien… Réticent à l’idée de me voir imposé un kilométrage précis, sur un itinéraire précis, en un temps donné, j’avais à de nombreuses reprises effleuré l’idée de m’inscrire à un évènement de ce type, comme ça, juste pour voir.. histoire d’essayer. Je me sentais mal à l’aise avec mon idée des randonnées cyclotouristes telles que je les conçois depuis de très nombreuses années: autonomie totale, horaires et kilométrages libres, et le plus souvent avec une idée plus ou moins vague de l’itinéraire. Ce type de randonnées ne me semblaient alors pas vraiment faites pour moi. Un coup d’œil sur le calendrier des brevets prévus près de chez moi, c’est finalement avec le Cyclo Club d’Orchies que j’ai choisi de sauter le pas, un beau dimanche pluvieux de septembre.
Départ prévu à 8h, je suis donc arrivé vers 7h30, histoire de régler les maigres formalités administratives nécessaires, et de prendre un café avec les autres participants..assez peu nombreux au vu des conditions météo peu engageantes, mais néanmoins motivés. Après quelques échanges sympathiques, l’heure s’en vient de se mettre en route pour ce petit périple de 200 km. Départ groupé, pile à l’heure prévue ! Une des choses qui m’a le plus marqué de cette journée, c’est la sympathie et le dynamisme des bénévoles du club, et leur grand sens de l’organisation.
J’avais entré la trace du parcours dans mon GPS, et bien m’en a pris puisque après quelques kilomètres, je me suis retrouvé livré à moi même…incapable de suivre le rythme naturel des premiers qui emmenaient le petit groupe. Après réflexion, j’aurais peut être dû quand même essayer de rester collé au gruppetto, ne serait ce que pour bénéficier de la motivation qu’amène le fait de rouler en groupe, et de la protection contre les éléments que ça apporte. Peu habitué à rouler à plusieurs, et effrayé à l’idée de devoir tenir ce rythme infernal, j’ai préféré continuer à mon allure habituelle. C’est qu’ils sont rudement aguerris au C.C.O !
C’est en compagnie d’une pluie incessante que se sont accumulés les kilomètres, sur un parcours très agréable, que l’on devine repéré avec soin, qui alterne des passages plats, vallonnés, le tout agrémenté de jolis endroits que je n’ai pas, une fois n’est pas coutume, pris le soin de visiter, ni pour la plupart de photographier (faute de pluie…)
Pas d’erreurs de trace, le GPS m’a guidé sereinement tout au long de ces 200 kilomètres. La seule difficulté rencontrée, fût comme d’habitude le manque de commerces ouverts permettant de se ravitailler. Je suis un ardent défenseur du repos dominical, et j’avais anticipé en emportant avec moi une quantité de nourriture satisfaisante pour un kilométrage somme toute assez court. De toute façon, au vu des villages traversés par le circuit proposé, le nombre de commerces ouverts les autres jours de la semaine ne doit pas être extrêmement élevé. On ne peut pas tout avoir, et la très faible densité de circulation rencontrée au long de cette journée compense largement le « manque » précédemment évoqué. L’obligation de faire tamponner sa carte de route impose de s’arrêter quoi qu’il arrive dans certains commerces, assez souvent des cafés ( qui composent l’essentiel de l’offre commerciale disponible le dimanche après midi, les boulangeries ayant pour la grande majorité fermé boutique ) pour se voir apposer le précieux tampon qui attestera et de son passage, et de l’heure à laquelle ce passage a été réalisé. Ces moments sont toujours l’occasion de discussions avec les tenanciers des dits établissements et leurs clients. Sans compter le réconfort que peut procurer la chaleur d’une tasse de café lorsque les écluses du ciel restent obstinément ouvertes depuis le départ.
Après quelques 10h de route (entrecoupées de pauses repas, tampons et autres servitudes), le retour au local du club fût l’occasion de constater une fois de plus la chaleur légendaire de l’accueil des gens du nord. Autour d’une boisson chaude et d’un sandwich j’ai pu partager mes impressions de la journée avec d’autres participants arrivés plus tôt. Tous n’ont pu que louer la qualité de l’organisation, la beauté du parcours et son intérêt, tout en regrettant que la météo se soit montré si déplaisante.
En conclusion, j’ai beaucoup aimé cette première. Je n’ai pas regretté du tout d’avoir transgressé quelque peu mes principes cyclotouristes, principes que je dois bien être le seul à avoir, ce qui en relativise considérablement la portée du coup ! La durée accordée pour réaliser ces brevets est loin de les transformer en épreuve de course, mais nécessite une certaine régularité dans l’effort, et, ce qui fût pour moi certainement le plus difficile, de limiter le nombre d’arrêts prétextes à une photo, un sandwich, un café suivi d’une discussion avec le barman ou un client, etc etc.. J’ajouterais aussi que la qualité de l’accueil, de l’organisation et du parcours proposé par le Cyclo Club d’Orchies sont certainement pour une grande part de la réussite de cette journée !
N’hésitez pas à jeter un coup d’œil sur le site du club : http://www.ccorchies.com
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